L’artiste vu par Aymeric Mantoux :

Greg est un artiste majeur de notre temps. Il se joue de l’époque, de ses contradictions qu’il rend plus apparentes que jamais, de ses codes, qu’il plie, tord. Et réinterprète à sa manière en le détournant l’univers coloré de Disney ou des comics américains qui n’est jamais ce qu’il a l’air d’être. Ce faisant, Greg se fait le psychanalyste divertissant d’une société polysémique. Si le diable se niche dans les détails, alors il a trouvé son maître. Esthétique, léché, parfaitement exécuté. Voilà qui au premier abord caractérise assez bien le travail très complet du dessinateur, du peintre, complété par un talent du cadrage, de la mise en scène, qui traduit une passion pour le 7e art. Enfant du pop art, Greg a été nourri aux mamelles de figures mythiques n’ayant pour la plupart jamais existé que dans l’imagination de leurs créateurs, mais dont il se sent proche. Et nous avec. Mais ce serait trop simple s’il s’en tenait là. Greg a mis ses pas dans ceux de Tom Wesselman, de Jeff Koons et des néo-pop. Comme eux, l’apparence lisse, colorée, souriante des œuvres dissimule une autre réalité, une intention artistique qu’accompagne la temporalité de la représentation. Comme dans sa série « Wake Up » qui porte un message plus engagé sur l’impact de Trump, la face cachée du numérique, ou le délitement de l’environnement … Greg pose des questions intéressantes qui en appellent d’autres : les sujets sérieux doivent-ils toujours être ennuyeux ? L’art ne pourrait-il permettre de toucher des publics différents ou d’une manière singulière ? L’artiste interroge le monde qui l’entoure sur son propre rôle, sa fonction, son existence même. Longtemps, certains se sont juste rassurés en se disant « Je décore donc je suis ». Insuffisant pour Greg qui reprend des scènes classiques de la pop culture, des détails, des personnages, en leur insufflant une touche de mélancolie, une larme d’acidité, une pointe d’ironie.